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Dans sa pochette, Jowee Omicil garde toujours une fiole de parfum. C’est un assemblage, comme on le dit des vins. Il mélange une lampée de Guerlain, quelques gouttes de Dior, une brume de Chanel.
Il cuisine sa fragrance à partir des plus fastueux bouquets. C’est à ce genre de détail que sa créolité transperce. Le vaudou haïtien lui-même ne peut se comprendre sans en respirer l’odeur fleurie, les eaux Florida, les Cologne à bon marché, le rhum et les chandelles mêlées; chaque esprit se reconnaît d’abord à l’effluve qu’il laisse quand il disparaît. 

Musical Polyglot-composer-educator-producer Jowee (pron. “Joey”) Omicil brings a novel and distinctly Afro-Haitian perspective to his music.

He’s part of a growing cadre of Caribbean-descended artists bringing new flavors to the creative music spectrum. Jowee possesses a distinctive, soulful and spiritual sound on saxophones, flutes, cornet that extends to his clarinet and vocals ventures.

Jowee est peut-être né dans une église protestante de Montréal. Il a sans doute grandi dans l’austérité dévotieuse des temples baptistes, la voix grave de son père pasteur, les chants qu’il ne fallait pas avilir,
le goût des migrants pour ne pas se faire voir.
Mais toute sa vie est une demande de réparation contre le silence imposé et les injonctions à l’ordre.
Sa virée folle vers l’ailleurs, vers l’éclatement,
vers la réinvention permanente de soi, répond au
désir irrépressible de ne pas relever d’un seul flacon. 

 

Le parfum préféré de Jowee est Voyage d’Hermès.
À 18 ans, il ramasse ses affaires et rejoint la meilleure école de musique du monde, Berkeley, il y déborde, joue de trop d’instruments et de trop de musiques,
il parle vite, n’économise rien, il passe sa jeunesse à relever des solos de Kenny G, de Steve Coleman, puis de Joshua Redman et de Charlie Parker, mais il aime surtout les trompettistes qui sont des chanteurs davantage que des instrumentistes. 

 

Il rencontre un maître qui le calme et lui dit qu’il est
un « asshole », qu’il faut qu’il dompte ce feu de la fuite éperdue qui le consume.  « Calme-toi, Jowee. »
C’est fascinant, chez Jowee, cette attraction qu’il éprouve pour les anges, les mentors, les boussoles, alors que tout dit en lui la quête d’indépendance.
Il passe du temps chez des maîtres comme Ornette Coleman ; il lui enseigne que la musique est un jeu d’enfants qui risque à chaque instant d’être pris au sérieux. 

 

Jowee Omicil croise Roy Hargrove, vit à Miami, au Venezuela, il cherche son havre autant qu’il traque
une terre où son outrance, son iconoclasme, cette façon d’être toujours à deux pas au-dessus de ce
qu’on attend de lui, sera admis. « Paris, c’est la plaque tournante », s’exclame Jowee. Quand il dit cela,
on songe à son rôle dans la série Netflix, The Eddy,
à cet imaginaire américain de Saint-Germain, à l’épaule de Miles qui abrite le front de Juliette, à
tous ces Noirs d’Amérique, d’Afrique, qui ont cru à la promesse des frontons républicains et des caves à jazz. 

 

C’est un fait. Depuis qu’il s’est installé en ville, Jowee Omicil – dont le prénom signifie la joie pure – est admiré pour les choses qu’on lui reprochait avant. Ibrahim Maalouf, quand il l’invite sur scène ou sur disque, admire cette liberté, cette façon de saisir le cornet quand on avait prévu le fifre, de tout à coup entonner un ancien chant de grenadier haïtien,
de danser et faire le bonimenteur puis de rentrer en soi comme dans une chapelle dont personne, pas même lui, ne possède la clé. 

 

A Paris, depuis deux ans, Jowee a donc fait l’acteur dans une série et il jouera encore parce qu’il ressemble à une variante extatique de Chris Rock
- la volubilité et le style joints -. Il a enregistré un disque des profondeurs avec le pianiste Randy Kerber (qui jouait dans la B.O. de Titanic et les premières notes de « The Man in the Mirror »). Il a fomenté un groupe de renouveau créole, avec des Parisiens au sang mijoté, le Biguine Jazz Collective. Il lit le Jacobin noir et joue l’arbre de la liberté dans un spectacle autour de Toussaint Louverture. Il rédige des aphorismes qu’il compte bientôt publier (« Art is the Heart », par exemple). Il apparaît avec les frères Moutin : ils possèdent ensemble la grâce de l’évidence. Il produit sans cesse avec des beatmakers des morceaux hip-hop qu’il ne montre à personne.
Il a enregistré dans le salon qu’il a annexé (et qui ressemble de plus en plus au cabinet de curiosités d’un explorateur du XIXe siècle) un disque de confinement qui s’appelle « Lekture ». Et il cuisine
des plats métissés qui répondent à la pure logique
de l’instant. 

 

« Tout le monde m’appelle le pasteur, on vient me voir pour gérer des trucs. » Il suffit que Jowee Omicil apparaisse sur une scène pour que l’énergie remonte, que les plans ne se déroulent jamais comme ils avaient été prévus. En 2007, au Champ de Mars de Port-au-Prince, sous la statue de Toussaint, Jowee avait joué avec une légende de la musique haïtienne : Azor. Dans une tenue dorée, il chantait des esprits de la mort et de la renaissance. A la simple écoute de sa voix, les gens se retrouvaient par terre, possédés par des esprits truculents. « Cela m’a marqué, ce moment repasse sans cesse dans ma database. » Dans les nuits suivantes, Jowee lui avait fait écouter du 50 Cent.

 

Jowee Omicil apprend à suivre les flots. Il emprunte les bateaux qui se présentent à lui. Il comprend mieux que jamais comment gérer les énergies invraisemblables qui le traversent. Il arrive souvent qu’on songe à Don Cherry quand on le voit dans son exil permanent, cette façon d’embrasser les mondes, les instruments, les esprits - comme un enfant, comme un fou ou comme un pasteur. Le mot qu’il utilise à tout bout de champ pour qualifier sa musique et sa vie (Bash) pourrait se traduire par Beauté Ascendante de la Société Honnête. On dirait ces acronymes que les sociétés secrètes de la Louisiane utilisent pour ne pas être mises à jour. 

 

On lui demande un peu bêtement si son hyperactivité
a été diagnostiquée. « En tout cas, ce n’est pas une hyperactivité délinquante. J’étais le gars le plus drôle de l’école. J’ai fait pleurer mon professeur de rire.
Les gens pensaient que je serai Michel Courtemanche ou Anthony Kavanagh. » Quand il raconte cela, tout s’aligne. L’esprit de Jowee Omicil relève d’un lwa du vaudou, une divinité bien connue venue d’Afrique que l’on appelle Papa Legba.

 

Legba est un patron à barbichette qui veille sur les carrefours, plaisante à tout bout de champ au point
où on le surnomme le trickster, le filou. Il est aussi l’initiateur, celui qui ouvre les débats et met les énergies en mouvement. Il est le passeur.
Son double européen, c’est Mercure. C’est Hermès. 

Born in Montreal to Haitian parents, Jowee was once summoned to honor his heritage at a Haitian Flag Day observation at the Obama White House, further strengthening his resolve that his music has a higher purpose. His father Joseph Sr., a minister and college professor, who raised Jowee alone after the premature passing of his mother, deeply infused that spiritual pursuit. Dad envisioned an orchestra in the church and encouraged Jowee to take up a wind instrument.
Thus persuaded, young Jowee selected an old alto saxophone from his first teacher’s collection.
Steadily and surely he fell in love with the instrument and was hooked by age 15.

Always an avid listener, Omicil quickly came under
the spell of a diverse core of saxophonists, including Joshua Redman, Steve Coleman, David Sanborn and particularly Kenny Garrett. Perseverance and further immersion led to a scholarship to prestigious Berklee College of Music, and eventually to Jowee being selected for advanced studies at the Thelonious Monk Institute’s summer colony, and a feature on BET’s jazz channel.

Besides his diverse bandstand and studio pursuits, Jowee is a dedicated educator, conveying his philosophy of never stop questing to his students.
“All of the great cats were searching… you’ve got to dedicate yourself,” he asserts. “I encourage them to take their craft seriously and make a contribution that is singularly their own.”

Another facet of Jowee’s rangy career came when
he proudly produced the final recording of the great Haitian accordionist-bandleader and philanthropist Pepe Bayard, whose eventual passage to ancestry
was delayed a bit by the joy he found working with Jowee on his music. “Immersing himself in music helped him live a whole lot longer… that’s the power
of music.”

Not satisfied with crafting mere blowing vehicles for aimless improvising, Jowee invests deeper meanings in the original compositions he records. The multi-cultural dimension of his Roots & Grooves record, engaging musicians and sonic landscapes from four continents, personifies this. Jowee infuses his music with the freedom of jazz, the spirituality of gospel,
and an aural universe of soul-shaking grooves.

Jowee’s sense of sincerity and his innate curiosity
are borne out by his compositions, including the kinetic “CubhaTiando,” a Cuba/Haiti collaboration with the brilliant Afro-Cuban drummer Francisco Mela.
The self-explanatory “4 My People” is dedicated to flood & earthquake victims in Haiti. The “victory chant” “Wole” is written for his daughter Marissah Jann, while the celebratory “Micky’s Groove” was inspired by President Michel Martelly “Sweet Micky”, a real pioneer, El Presidente of Compas Music,” explains Jowee.
His “Ayibobo” exemplifies Jowee’s adroit versatility as he takes on the challenge of playing all the instruments, as well as engaging turntablist Val Jeanty. And that’s just a sampling of the depth & breadth of Jowee Omicil’s compositional skills.


A list of Jowee’s collaborators and musicians he’s played opposite mirrors his broad approach to music-making – to name a few:  Jacob Desvarieux, Kenny Garrett, Roy Hargrove, Lionel Loueke, Guts, Glen Ballard, Randy Kerber, Wyclef Jean, Branford Marsalis, Marcus Miller, Pharoah Sanders, Tony Allen, Ibrahim Maalouf, Anne Sila, Kazy Lambist, and recently on The Netflix serie "The Eddy" of Damien Chazelle, to name
a few.


Jowee aka Mr. BasH! seeks collaboration for creative sustenance as well as bringing his unique skills and BasH! sound to diverse settings.

Willard Jenkins – Journalist

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